Le mois dernier s’est tenu l'événement AWS Summit Paris, l’occasion pour les acteurs du Cloud de se réunir et d'échanger sur les dernières innovations. Pendant cet événement, j’ai assisté à plusieurs conférences, et j’ai axé ma visite sur l’accompagnement de l’intelligence artificielle dans la transition écologique des entreprises.
L'intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreuses industries en offrant des solutions innovantes et des capacités avancées pour la prise de décision et la résolution de problèmes complexes. Mais qu’est-ce que l’on entend par IA ? Pour reprendre la définition du Parlement Européen, l’IA représente tout outil utilisé par une machine afin de “reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité”. Nous avons testé l’IA très tôt chez Digilityx dès 2018 avec tail.ai dans le cadre de notre start-up studio et nous continuons dans le cadre de nos innov track et force est de constater que les dernières évolutions sont juste incroyables !!
Alors quand on parle de l'IA et du développement durable chez AWS, on est intéressé mais concrètement, comment atteindre ces objectifs de développement durable ? Quelles sont les limites de l'IA en terme d"environnement ? Comment accélérer cette transition auprès d'un plus grand nombre d'entreprises ? Voilà les sujets que nous allons aborder dans cet article.
En tant que leader du marché du Cloud computing, AWS propose de nombreux services à ses clients pour les aider à atteindre des objectifs de décarbonation. Les applications et les données ne se trouvent plus sur un ordinateur déterminé mais dans un nuage (cloud) composé de nombreux serveurs distants interconnectés, pour reprendre la définition de la CNIL.
Pour accompagner cette transformation, le Cloud est indispensable, car il est le seul endroit où la quantité de données peut être traitée. Il permet aux entreprises d'acheter uniquement le stockage dont elles ont besoin, quand elles en ont besoin, de l’ajuster à la demande et d’éliminer les dépenses d'infrastructure traditionnelles.
Voici quelques exemples d’entreprises qui utilisent les services AWS :
Ces exemples montrent comment l'IA peut révolutionner les industries et transformer la façon dont nous travaillons, produisons et interagissons avec les technologies.
L'intégration de l'IA tout au long de la chaîne de valeur peut aider les entreprises à atteindre leurs objectifs, depuis la conception de nouveaux produits éco-responsables, au calcul de l'impact carbone dès l'extraction des ressources jusqu’à la distribution.
En utilisant l'IA, les entreprises peuvent optimiser leur logistique, améliorer l'efficacité énergétique de leurs usines et entrepôts, réduire les pertes et les déchets en favorisant la réutilisation et l'économie circulaire. Cette approche intégrée offre de nombreuses opportunités pour les entreprises de réduire leur empreinte environnementale tout en améliorant leur rentabilité grâce à une utilisation plus efficace des ressources.
Le déploiement de l’IA est extrêmement énergivore, que ce soit pour l’utilisation des processeurs ou le stockage des données. Les volumes de données ne cessent d’augmenter.
L’IA doit lire, analyser une quantité phénoménale de données ce qui demande beaucoup d'électricité. Les data centers, ces centres hébergeant des rangées de serveurs informatiques produisent d'importantes quantités de CO2. C’est le cas, pour deux tiers des infrastructures chinoises, qui sont alimentées par les énergies fossiles.
De plus, les datas centers fonctionnent en continu pour être en mesure de conserver et de partager les données numériques à toute heure.
Lors de leur fonctionnement continuel, les serveurs surchauffent et dégagent de la chaleur. Leur refroidissement devient donc inévitable pour éviter leur dégradation. Le refroidissement des serveurs est le processus où les data centers consomment le plus d’eau. En effet, c’est l’utilisation de l’eau et de l’électricité pour la climatisation qui fait bondir les compteurs.
La fabrication des serveurs informatiques, à l’instar de nos autres appareils électroniques, sont construits avec des métaux rares, notamment le cobalt. Avec une quantité de données gigantesque à stocker, les machines se multiplient et participent à l’épuisement des ressources.
Pour limiter cette pollution numérique, les acteurs du Cloud s’engagent à utiliser essentiellement des énergies renouvelables ce qui permet d’alimenter le data center en électricité. Selon eux, le Cloud induirait un gain de matière (moins de machines nécessaires pour un même besoin) et un gain d’énergie (car les machines ne consomment pas nécessairement beaucoup plus si elles fonctionnent à pleine capacité).
De nouvelles méthodes de refroidissement voient le jour, la méthode de couloir froid, qui nécessite la réorganisation de la disposition des serveurs. Ils aspirent l’air froid sur leur face avant et le rejettent par l’arrière. Ou encore la méthode de free-cooling qui vient utiliser la fraîcheur de sources naturelles pour refroidir les serveurs. Et les bains de liquides diélectriques qui consiste à plonger les serveurs dans ces bains d’huile composés d’huiles de cuisson usagée ou de vidange de véhicules, permet d’absorber la chaleur de ces derniers.
Les chercheurs et ingénieurs du monde entier travaillent dans le domaine de l’optimisation des consommations énergétiques des solutions IA. C’est le cas de la société Qarnot Computing qui utilise la chaleur générée par ses ordinateurs pour chauffer des bâtiments, permettant ainsi de réduire considérablement leur consommation d'énergie. Ils proposent un "cloud nouvelle génération" dont les infrastructures permettent de récupérer 95 % de la chaleur émise par les serveurs.
Les futurs centres de données doivent éviter d'utiliser l'eau de manière excessive, limiter leur consommation d'énergie et contribuer à la préservation des écosystèmes. La création de sites durables est un défi de taille, mais est-ce réellement suffisant pour assurer un changement durable ?
Au cours du Summit AWS, j’ai assisté à une table ronde autour des enjeux de la croissance économique des entreprises face à l’engagement écologique.
Ce que l’on retient c’est que les entreprises sont de plus en plus conscientes de l'impact environnemental de leurs activités et cherchent des solutions innovantes pour réduire leur empreinte carbone.
C’est notamment le rôle de l’entreprise Sweep, dont Rachel Delacour, Co-fondatrice & CEO chez Sweep était présente. Cette startup française aide les entreprises à piloter leur stratégie climatique et atteindre leurs objectifs de décarbonation. L’outil SaaS développé par la startup permet ainsi de calculer les émissions carbone de tous les pôles d’activité d’une entreprise. Ensuite, elle leur propose des plans d’actions afin de les réduire et partage une marketplace de solutions pour aider ses clients à trouver des partenaires pour atteindre leurs objectifs RSE.
Actuellement, il existe des indicateurs permettant aux entreprises de se positionner et de s’améliorer dans cette transition écologique :
Aujourd’hui en France, 270 entreprises sont labellisées B Corp, de toutes tailles salariales et activités, elles ont d’abord candidaté, puis ont été auditées sur le respect de 200 critères. L’entreprise ne doit pas simplement créer de la valeur pour ses actionnaires mais pour l’ensemble des parties prenantes, actionnaires, mais aussi collaborateurs, environnements, ou encore fournisseurs. L’activité s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue avec une réévaluation tous les trois ans, qui l’oblige à tenir ses engagements.
Des indicateurs tels que le bilan GES et le label B Corp permettent aux entreprises de se positionner et de s'améliorer dans cette voie. Il est essentiel que les entreprises prennent des mesures concrètes pour répondre aux enjeux environnementaux tout en développant une activité économique responsable et durable.
L’IA et les technologies innovantes peuvent jouer un rôle clé dans l’accélération de la transition écologique, c’est ce que l’on a vu avec par exemple Bouygues Construction qui par l’utilisation de la reconnaissance d’image accélère l’avancement de ses chantiers éoliens.
Cependant, son utilisation nécessite beaucoup d’énergie et d’eau, et même si des solutions existent pour tendre vers un stockage de données responsable, on peut se poser la question de son utilité réelle. De plus, pour accélérer cette transition, il est essentiel d'accompagner les entreprises dans l'adoption de pratiques durables et de promouvoir des normes environnementales rigoureuses, notamment par le suivi d’indicateurs pertinents (ce que propose le bilan GES ou le label B Corp).
L'IA peut offrir des avantages considérables à la société, mais il est nécessaire de l'utiliser de manière responsable et en complément d'autres initiatives écologiques pour assurer un avenir durable pour notre planète. A ce sujet, chez Digilityx, on a lancé notre démarche Impact positif, en mettant notamment nos compétences au service d’acteurs engagés.
https://www.linfodurable.fr/technomedias/lintelligence-artificielle-au-service-de-lecologie-31068
https://www.carbone4.com/analyse-empreinte-carbone-du-cloud
https://www.forbes.fr/technologie/greentech-la-tech-pour-sauver-la-planete/
https://www.capgemini.com/fr-fr/perspectives/publications/climate-ai/
https://leshorizons.net/sweep-se-lance-dans-la-decarbonation-de-la-supply-chain/
https://lebondigital.com/datacenters-quelle-part-dans-la-pollution-numerique/
https://greenly.earth/fr-fr/blog/actualites-ecologie/quelle-est-l-empreinte-carbone-d-un-data-center
https://www.latribune.fr/partenaires/accelerer-avec-le-cloud/kayrros-parie-sur-l-imagerie-satellitaire-pour-accelerer-la-decarbonation-920781.html
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